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la seyne sur mer - Page 7

  • De l’essentiel : des fleurs et des livres.

    C’est l’heure hebdomadaire d’aller au marché. La jeune pépiniériste d’Ollioules fait désormais l’ouverture de la rue : son banc est long et très achalandé. Pendant qu’on fait la queue pour prendre quelques lobelias, on regarde les impatiens, les géraniums et les pélargoniums, les romarins, les menthes, les plants de tomates, les gazanias, les petits bougainvillées qui deviendront plus grands que les murs des maisons ou les grillages qu’ils recouvriront. Et le reste, qu’on ne sait pas nommer.
    Plus haut, on va voir la dame qui propose les pivoines de son jardin. Déjà, la semaine dernière, on lui en a pris des blanches. En s’épanouissant, elles sont devenues plus grosses que des pamplemousses et elles se sont rosies. Maintenant, on lui en prend d’un rose plus soutenu et on sait que la semaine suivante on choisira celles qui sont rose fuchsia.
    Puis, chargée de lobelias, de pivoines, d’asperges, d’artichauts, de mâche, de blettes, de gnocchis, on s’arrête à la librairie Charlemagne récupérer la commande de livres : Vivre simplement pour vivre mieux de Philippe Lahille, La valeur de la simplicité volontaire de Richard B. Gregg, L’art de bien vieillir d’Anselm Grün, Lettres d’Ogura d’Hubert Delahaye. On commande Les lettres choisies de la famille Brontë.
    En rentrant, au rond-point tout près de la maison, on voit la première agapanthe de la saison. Toujours aussi échevelée.

  • J’ai ce que j’ai donné, disait Giono.

    En ce début d’après-midi, le jour est comme l’été : il fait beau, il fait chaud ; tout est splendide. On suit petites routes et petits chemins pour rendre visite à une amie très chère qu’on aide un peu sur le chemin de sa convalescence. Le lit est dressé au milieu du salon, face au jardin. Tout près, la table est submergée par les boîtes de médicaments ou de pansements ; une perfusion attend que ce soit le soir pour être branchée.
    On discute. On rit. On papote. On écoute. On raconte. On regarde les fleurs du jardin. On les nomme. On voit le lilas. On raconte qu’on en a vu un, pendant la semaine, dont les fleurs mauves étaient abondamment odorantes. On ajoute qu’on aime le lilas.
    - Attends, on va t’en donner.
    Et le mari de cette amie s’en va dans le jardin et revient avec un gros bouquet de lilas mauve.
    On continue à parler de choses et d’autres, et en particulier des chênes centenaires près de Bargème et du Lachens où on compte bien retourner tous ensemble. On raconte la dernière promenade de l’été dernier, quand, à peine l’aube passée, on marchait sur les touffes de thym odorant.
    - Il t’en reste, d’ailleurs, du thym ?
    - Quasiment plus. Il faudra que j’aille bientôt à la cueillette dans la colline !
    - Attends, on va t’en donner.
    Et le mari de repartir dans le jardin et de revenir avec un bouquet de thym en pleine fleurs.
    On continue à parler de choses et d’autres, à faire rire, à parler de l’organisation de la prochaine fête du village. Puis, on dit qu’on doit partir car c’est la messe des Rameaux.
    - Et tu en as, des rameaux ?
    - Non, je vais en prendre à l’église, en arrivant.
    - Attends, on va t’en donner.
    Le mari retourne dans le jardin et revient avec un gros bouquet d’olivier et de laurier dont les branches sont attachées avec du rafia.
    - Je te ramènerai du rameau béni.
    - Oui, c’est gentil.
    On repart en repensant à ce qu’écrivait Giono : j’ai ce que j’ai donné. C’est cela, aussi, qui rend fort.